Devenir CPA au Québec : mes trucs pour éviter le stress et les faux pas
Obtenir le titre de CPA au Québec peut paraître un parcours long et complexe quand on vient d’immigrer. Mais si on se prépare soigneusement et qu’on sait à quoi s’attendre, le chemin est nettement moins ardu…
Un processus rigoureux
Si vous accédez à cette page, c’est parce que, comme moi il y a plusieurs années, vous songez à devenir comptable professionnel agréé au Canada, et plus particulièrement au Québec. Vous le constaterez rapidement : le processus n’est pas à prendre à la légère. Et c’est tant mieux! Vous souhaitez en effet rejoindre un ordre professionnel reconnu non seulement dans l’ensemble du Canada, mais aussi sur la scène internationale. L’Ordre des CPA du Québec s’assure donc que tous ses membres, quel que soit leur parcours, ont franchi les étapes d’un processus très structuré d’évaluation des compétences, incluant la réussite de l’Examen final commun (EFC).
Vous êtes un professionnel formé à l’étranger? Plusieurs cas de figure
Si vous avez un titre professionnel comptable dans votre pays et que ce dernier a signé une entente de réciprocité avec le Québec, il existe un processus simplifié. Si vous venez de France, il existe même un arrangement de reconnaissance mutuelle avec le Québec. Mais la situation pourrait être bien différente. Même si vous avez une formation universitaire adéquate et de l’expérience professionnelle, vous devrez peut-être franchir d'autres étapes pour vous adapter aux exigences québécoises, par exemple :
- Si votre pays n’a pas encore signé d’entente de réciprocité avec le Québec;
- Si votre pays a signé une entente de réciprocité avec le Québec, mais que vous n’avez pas encore le titre professionnel pour vous en prévaloir.
Ayant moi-même vécu l’expérience de l’immigration, je sais aujourd’hui qu’il existe des solutions. Voici quelques astuces pour faciliter vos démarches!
Le retour aux études
Selon votre parcours, l’Ordre pourrait vous demander de suivre quelques cours de mise à niveau ou même de retourner à l’université pour compléter votre formation, et ainsi passer l’EFC. Ne vous découragez pas! Vous le constaterez en remplissant votre dossier : vous ne cocherez pas toutes les cases et il vous manquera des compétences, c’est normal. La décision de retourner sur les bancs d’école peut requérir un gros investissement professionnel, financier, mais aussi familial. Cette décision variera selon votre réalité.
Prenons mon exemple. Quand je suis arrivé au Canada en 2009, après avoir frappé à plusieurs portes, j’ai finalement réussi à commencer un processus de reconnaissance des acquis universitaires et professionnels. Après différentes étapes incluant la réussite de l’examen de la profession comptable en 2013, je suis enfin devenu CPA auditeur, CA. J’ai eu à suivre des cours de fiscalité et de droit des affaires avant de pouvoir passer mon examen. Même si cela m’a beaucoup servi par la suite dans mon travail, je dois dire que le retour aux études a été une aventure en soi! Sans le soutien de ma femme et de mes enfants, je ne suis pas certain que je serais passé à travers le processus et, surtout, que j’aurais réussi l’examen. Retourner aux études à mi-temps n’a pas été facile du fait de mon emploi à plein temps très exigeant et de ma situation familiale. Mais, je le répète, chaque histoire est unique.
Mes conseils pour aborder sereinement le retour aux études :
- Si votre pays d’origine et le Québec ont signé une entente de réciprocité et que vous êtes bien avancé dans votre parcours dans votre pays, pourquoi ne pas retarder votre venue au Québec et obtenir le titre comptable de votre pays avant de partir? Entre vous et moi, s’il n’y a pas d’urgence à immigrer, c’est la solution la plus rapide une fois au Québec, avec un minimum de démarches à effectuer. De plus, vous deviendrez ainsi CPA non seulement au Québec, mais aussi dans votre pays actuel. Cela pourrait potentiellement vous être utile dans votre carrière.
- Si vous choisissez de faire des études au Québec ou que vous n’avez pas le choix, car votre pays d’origine n’a pas d’entente avec le Québec, assurez-vous d’avoir l’approbation et le soutien de votre entourage immédiat. Ils seront votre support indispensable (et vos meilleurs coachs!) lors de vos moments de doute. Car il y en aura, c’est certain… Restez surtout motivé : retourner aux études demande de la préparation, de la rigueur et de la volonté sur une période de plusieurs mois.
Être proactif pour mettre toutes les chances de son côté
L’Ordre vous demandera plusieurs pièces justificatives au cours de l’évaluation de vos acquis. De simples descriptions dans un formulaire ne suffiront pas. Vous allez devoir justifier votre expérience universitaire et professionnelle point par point.
Mes conseils pour gagner un temps précieux :
- N’oubliez pas d’avoir en main les originaux de vos diplômes AVANT de venir au Québec. Vous les ferez certifier conformes une fois sur place. Rien de plus désagréable que de se lancer dans des démarches administratives à distance, parce que vos simples copies de documents ne sont pas valides ici...
- Demandez l’évaluation comparative des études effectuées hors du Québec produite par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec.
- Obtenez de vos différents employeurs une lettre détaillée. Elle doit comprendre vos périodes d’emploi, la description de tâches, ainsi que les formations suivies et animées (ayez les certificats de formation sous la main). Un bon truc : rédigez vous-même la lettre, l’employeur n’aura plus qu’à l’approuver et la signer et aucun élément ne sera omis.
- « Traduisez » vos formations et expériences dans le langage professionnel du Canada. Par exemple, un baccalauréat en France n’a strictement rien à voir avec un baccalauréat au Québec. Le premier sanctionne la fin de l’équivalent français du cégep alors que le second sanctionne la fin d’un jalon important de l’université. C’est toute une différence! Ce conseil vaut aussi pour votre CV, bien entendu.
- Le français et l’anglais sont les deux seules langues reconnues au Québec. Vos documents devront donc être traduits par un traducteur agréé, au besoin.
- Ne perdez pas de temps : renseignez-vous sur le processus d’équivalence auprès de l’Ordre avant de partir. Leur site est plein d’informations pertinentes. Contactez l’Ordre le plus vite possible. Le processus prend du temps… Mais l’Ordre est là pour vous aider!
À propos de l'auteur
Julien Dupont est directeur, Information financière chez TC Transcontinental depuis 2017. Auparavant, il a effectué toute sa carrière en cabinet d’audit, tout d’abord chez PricewaterhouseCoopers puis chez Deloitte, travaillant aussi bien en France, aux États-Unis et maintenant au Canada depuis 2009. Il a suivi le processus d’évaluation des compétences de l’Ordre des CPA du Québec et a réussi l’Examen Final Unifié (aujourd’hui Examen final commun) en 2013. Il est CPA auditeur depuis janvier 2014.